TEMOIGNAGES DE LA DIACONIE

     

     

     

    01/11/2020

    Le LIBAN

    Cher petit Liban…. Toi que je connais si bien et vers lequel je vole régulièrement que sont devenues les images idylliques du pays des cèdres, ce « paradis » vanté par des dépliants. La puissance évocatrice du Mont Liban et des cèdres millénaires, l’insouciance et la bonne humeur légendaire des Libanais… Un catalogue de clichés fortement dévalués, le miroir brisé d’un pays en grande souffrance. Ne pensez pas que je suis sans espérance en écrivant cela…. Je fais juste un état des lieux.

    Quelques chiffres que je vous partage : la commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale (ESCWA) annonce que « plus de 55 % de la population du Liban est désormais prise au piège de la pauvreté et lutte pour avoir accès aux besoins de première nécessité » et ce dès mai dernier, soit avant le drame du 4 août. En mai 2019, cette proportion était de 28%. Toujours selon l’Escwa 23% de la population se trouve dans une situation d’extrême pauvreté, contre 8% en 2019.

    A chaque voyage je touche du doigt ce que veut dire le fait de ne rien avoir : pas d’allocation chômage, d’aide médicale….  Le chaos général fait qu’un nombre considérable de Libanais se retrouve sans travail et donc sans revenu. Avoir zéro est une réalité quotidienne pour beaucoup de familles.

    La situation n’est pas nouvelle mais l’explosion a accéléré ce processus d’enlisement. Les parents sont inquiets pour l’avenir, les jeunes veulent quitter le pays et essayer de démarrer une nouvelle vie ailleurs…. Bref les Libanais se questionnent. Ils vivent au jour le jour sans savoir de quoi sera fait demain. Cependant mes amis me disent « Nous restons confiants qu’un changement profond est en train de se faire, et que tout enfantement est accompagné de douleurs. Oui « un Liban nouveau renaîtra ». Je suis moi aussi dans cette espérance pour ce pays dont je ne m’éloigne jamais et que je rejoins le plus souvent possible.  Oui un Liban nouveau renaîtra.

    Nadine CISEK

    Je vous partage un texte écrit par un libanais :

    « Pour les premières amandes vertes que l’on croque, trempées de sel, et qui sonnent le glas de l’hiver,

    Pour l’arbuste du balcon que l’on croyait mort et qui refleurit inexplicablement en décembre,

    Pour le grincement familier de la balançoire sur laquelle on s’assoupit, enivrés de soleil, dans le chant des cigales,

    Pour la chanson séculaire du marchand ambulant dont on essaye en vain, depuis l’enfance, de comprendre les paroles, 

    Pour cette Vierge Kitch que des mains naïves ont parée de fleurs de pacotille et qu’on découvre, immobile dans sa grotte, au détour d’un sentier de montagne,

    Pour les klaxons « sauvages » d’un mariage d’été qui nous précipite pourtant tous au balcon pour voir si la mariée est belle,

    Pour ce chauffeur de taxi plutôt beau gosse qui nous fait le cadeau d’un clin d’œil complice sous le pont de Dora,

    Pour ces tribus de parents qui attendent à l’aéroport, œillets défraîchis à la main, le retour au pays de l’enfant prodigue, et qui arrivent toujours beaucoup trop tôt,

    Pour cette vieille mémé qu’on a refusé de mettre à l’asile malgré « l’appartement-de-Beyrouth » trop étroit, et que son fils continue d’embrasser chaque soir,

    Pour cette femme voilée qui fait, au mois de mai, le pèlerinage de Harissa, et que Notre-Dame ne manquera pas d’exaucer, c’est sûr,

    Pour ces infirmières de nuit un peu inutiles parce qu’on ne quitte pas ses proches malades, quand il fait noir,

    Pour le jeune policier du carrefour qui fait semblant de rêver quand on traverse en trombe en fin, fin de feu orange,

    Pour le « Ya hala » claironnant du steward des Lignes du Cèdre qui nous accueille sur l’avion de Beyrouth, et qui éloigne, à lui seul, toute la froideur de l’Occident,

    Pour cet automobiliste souriant en trois-pièces cravate qui, un soir de Nouvel An très pluvieux, vous change votre pneu, sans vous demander votre numéro de téléphone,

    Pour le collier de jasmin odorant que cet amant d’été passe au cou de sa belle et qui scintille sur sa peau dorée de brune,

    Pour les femmes trop parées, trop blondes, trop maquillées, trop clinquantes, trop tout, mais si belles que c’en est indécent,

    Pour ce soleil lumineux de janvier qui nous fait douter que la tempête terrifiante de tout à l’heure ait vraiment eu lieu,

    Pour la voix si triste de Feyrouz qui réveille en nous une âme enfouie de villageoise d’opérette,

    Pour l’odeur de la « mankouché » du matin qui est, tout le monde vous le dira, bien plus qu’une galette au thym, comme la traduit bêtement le dictionnaire,

    Pour la « dabké » que dansent des hommes de Baalbeck, des vrais, et tant pis si les androgynes sont à la mode,

    Pour la fierté de la grand-mère à qui on montre son premier descendant mâle, et tant pis pour l’égalité des sexes,

    Pour ces cerises de juin si noires qu’elles colorent de violet les langues des enfants,

    Pour le bonheur absurde de penser que plus jamais on ne dormira dans un abri,

    Pour la maison d’en haut qu’on fait plus belle que l’autre, la citadine, parce que c’est là qu’au soir de notre mort, on accueillera les gens du village,

    Pour la réponse sage de toutes les mamans que leurs enfants appellent et qui souhaitent, avec le sourire, qu’ils les enterrent,

    Pour les soirs de juin sur la terrasse de Zahlé, pour la vigne de septembre qui finit par nous offrir une grappe, pour les gardénias de mai, pour l’odeur mouillée de la terre après la première pluie, pour ce soir à Baalbeck, pour ne pas avoir froid, pour ne pas avoir peur, pour ne pas vivre seul, pour...

    Pour ta maman, Joseph, ne pars pas.

    Nada NASSAR-CHAOUL

    * Lettre écrite à mon fils Joseph, qui, comme tant d’autres jeunes du Liban, désire partir pour d’autres cieux. »

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    03/03/2019

    Témoignage d’Hortense MOKE

    Je m'appelle Hortense Moké.

    Je suis infirmière. Je suis originaire de la République Démocratique du Congo en Afrique Centrale. Je suis arrivée en France en 2016, fuyant la barbarie du gouvernement en place. Ce gouvernement nie la liberté d'expression des Congolais. Ceux-ci n'ont pas le droit de revendiquer leurs droits que ce soit au niveau des salaires, de l'accès à l'éducation ou aux soins médicaux. Par exemple, à Kinshasa, une famille ayant 4 enfants ne peut pas tous les scolariser en même temps car cela coûte trop cher. Je faisais partie d'un groupe du mouvement Caritas sur ma paroisse. Le but de ce mouvement est d'aider les gens en souffrance en leur donnant des médicaments, des vêtements, de la nourriture ou en aidant à la scolarisation des enfants. Nos moyens d'action étaient limités car ce que l'on donnait provenait de dons faits par des pays étrangers. Au bout d'un moment, je n'avais plus de médicaments à distribuer. Au cours d'une réunion, l'équipe de Caritas a décidé de faire comprendre aux citoyens Congolais qu'ils devaient revendiquer leurs droits auprès de l'Etat. Nous sommes alors passés de quartier en quartier où nous avons organisé des réunions afin de sensibiliser les citoyens à cette question. Nous avons aussi organisé des marches de protestation pour dire notre mécontentement. Quand les autorités politiques ont découvert que je participais à l'organisation de ces marches, elles m'ont arrêtée, torturée et jetée dans la prison de Kinshasa. Heureusement, grâce à mon oncle qui avait des relations avec certaines autorités politiques, j'ai pu être libérée discrètement, une nuit, après une semaine de détention dans des conditions très pénibles. Je suis allée me cacher à 120km de Kinshasa.

    Quelques mois plus tard, j'ai profité du pèlerinage à Rome organisé par l'archidiocèse de Kinshasa pour quitter discrètement le pays afin de ne pas être identifiée. Je suis arrivée à Lyon sur une terre inconnue. J'ai passé des moments pénibles. Chrétienne catholique, je suis allée à la messe à la paroisse Notre Dame de la Paix. J'ai parlé avec le père Jules Vadoun, curé de la paroisse. Il m'a vraiment soutenue dans ma souffrance jusqu'à aujourd'hui, au point de devenir comme un membre de ma famille.

    La préfecture m'a alors orienté vers Saint Etienne pour avoir un logement provisoire en attendant de préparer les documents pour la procédure permettant l'obtention de mes papiers. Je loge actuellement au CADA d'Andrézieux.

    Au printemps 2017, je suis allée au repas partagé à Entrée Libre aux Bullieux. J'y ai fait la connaissance de deux jeunes femmes qui ont été présentes pour moi quelques soient mes difficultés. J'ai été touchée par leur simplicité. Il n'y avait plus de distinction de couleur, de pays. J'avais trouvé une famille.

    Je remercie le Seigneur pour tout le bien qui m'a été donné.

    Aujourd'hui, je commence une vie nouvelle. J'ai obtenu mon visa en octobre 2018. Ce papier va me permettre de travailler comme un citoyen français. Je vais pouvoir reconstruire ma vie.

    Je tiens à remercier toutes les personnes qui m'ont aidé pendant ces mois de souffrance :

    - le père Jules Vadoun de Lyon toujours présent à mes côtés,

    - le père Rodolphe Berthon,

    - le diacre Nicolas Thubert qui m'aide spirituellement et moralement,

    - le docteur Deville - Carolo qui s'est bien occupé de ma santé,

    - Aude Seguin, Agnès Bonhomme et leurs familles qui m'ont montré l'amour du prochain, la joie de vivre.

    Vous resterez tous à jamais gravés dans mon cœur.

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    Rencontre fraternelle ENTREE LIBRE décembre 2018

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    24/12/2017

    Entrée Libre

    Entrée Libre est une proposition de la Paroisse qui a lieu tous les premiers dimanches du mois de 12h 30 à 18 h à l’aumônerie des Bullieux dans le quartier de La Chapelle à Andrézieux-Bouthéon.

    Cette aventure a commencé en septembre 2017 et a fonctionné tous les premiers dimanches du mois depuis lors, y compris pendant les vacances scolaires.

    Chacun vient quand il veut pour le temps qu’il veut pendant ce temps d’ouverture gratuite où tous sont accueillis comme ils sont avec ce qu’ils sont. L’accueil se fait sans préjugé. C’est un temps de partage gratuit.

    Pour ceux qui arrivent vers 12 h 30 il est possible de venir avec son repas qui sera mis en commun pour être partagé avec les autres. On mange ce qui est apporté.

    Ce temps d’accueil est apprécié par les participants qui invitent d’autres à venir. Depuis août 2017, nous sommes systématiquement une quinzaine sans les enfants au repas et les entrées et départs se succèdent tout au long de l’après-midi.

    La solitude ne prend jamais de vacances et est plus dure à vivre le week-end d’où le choix du dimanche après-midi. C’est un temps offert à tous, quelles que soient leurs convictions personnelles pour le vivre ensemble en nous accueillant tels que nous sommes.

     

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