Mémo concernant la prière universelle
La prière universelle
Elle est la partie qui doit retenir toute notre attention. C’est d’abord sur cette prière que doivent travailler les équipes liturgiques. Avec le Credo, la Prière Universelle fait partie du temps de la Parole et le clôture. C’est notre réponse à cette parole : « Je crois … » « Je te prie … » Elle sera donc fortement colorée par l’Evangile et les autres lectures auxquels elle va apporter notre réponse. Elle a été restaurée par la réforme de Vatican II. Elle est nommée Prière Universelle ou Prière des Fidèles. L’assemblée, comme un seul homme, exerce sa « fonction sacerdotale » baptismale en priant comme corps, au nom de toute l’humanité et avec/pour toute l’humanité. La PU n’est donc pas centrée sur l’assemblée mais sur l’univers entier.
Elle peut se situer sur des registres différents :
- Magnifier (magnificat) Dieu pour ce qu’on voit autour de nous (+ louange) ?
- Se mobiliser pour notre propre conversion (+ dynamisation apostolique) ?
- Donner à notre prière un coté pénitentiel plus fort (à équilibrer avec la PP du début)
- Inviter Dieu (*!) à l’attention sur telle ou telle réalité du monde (+ intercession) ?
NB : On veillera à ne pas laisser entendre, par notre manière de prier, que Dieu est un peu sourd et aveugle pour qu’on doive lui rappeler ses obligations de Père. Dieu aime-t-il qu’on le supplie ou qu’on le flatte pour se laisser aller à une générosité qu’on lui connaît par ailleurs ? Il ne faut donc pas être dupes de cette intercession. Dieu n’est pas dur à convertir… nous, oui ! Evoquer telle ou telle catégorie de population dans la prière n’a pas tant pour but de solliciter l’attention de Dieu que la nôtre !
La prière de l’assemblée s’exprime effectivement par le refrain, il est donc essentiel que l’intention et le refrain soient très accordés (pour cette raison, il n’est pas interdit d’utiliser plusieurs refrains). Un beau temps de silence entre chaque intention peut également solliciter une forte et vraie réponse du coeur de l’assemblée.
L’attitude ET LA POSTURE des animateurs de la PU est aussi une véritable invitation à la prière. De temps en temps, pourquoi ne pas prononcer cette prière au milieu de l’assemblée, dans l’allée centrale, face au choeur (le président de célébration doit également se déplacer au même endroit).
Il peut y avoir différentes manières de commencer les intentions de la prière universelle, en fonction du projet que l’on a. Par exemple :
- Seigneur, comme une famille, nous voulons évoquer devant toi… (des situations et/ou des personnes)
- Seigneur, nous te confions…
- Seigneur, ta sollicitude pour… (l’aveugle né, le paralysé, la veuve… à ajuster) nous émerveille…
- Seigneur, nous avons besoin de ton appui pour…
- Seigneur, nous te remercions de… (ou nous te remercions parce que…)
- Seigneur, nous te bénissons pour…
- Seigneur, nous invoquons ta miséricorde pour… (ou parce que…)
- Seigneur, ta naissance parmi nous (ou ta mort, ou ta transfiguration… à ajuster) nous provoque à…
- Seigneur, ta parole nous frappe… nous touche au cœur…
Les formules des refrains courants peuvent nous aider à trouver un beau commencement, par exemple :
- Sois avec nous, Seigneur, pour que nous soyons avec toi … dans telle situation de notre vie …
- Souviens-toi, Seigneur, de… et fais-nous souvenir de…
- Sois ma lumière, Seigneur, sur les chemins de la vie, quand…
- Ton Eglise, Seigneur, vient te confier sa prière quand elle est attentive à…
- Rien ne nous manque, Seigneur, où tu nous conduis… aussi… nous te remercions pour…
Continuer le travail avec les refrains locaux bien connus de l’assemblé.
Ces formules simples nous impliquent bien plus fortement dans la prière qu’un habituel « prions pour… » qui n’est pas correct, grammaticalement parlant :
On prie quelqu’un de…, pour…
Par exemple : prier le maître de envoyer des ouvriers pour sa moisson.
Prier pour les vocations est un raccourci dangereux.
Attention aux incantations : Que les pauvres soient accueillis… prions le Seigneur ! Que les responsables politiques écoutent… prions le Seigneur ! Que les riches partagent… prions le Seigneur ! Que la paix règne… prions le Seigneur !
La prière universelle sera ainsi mieux accordée à ce qu’est toute prière, c’est à dire une conversations simple et vraie entre gens qui s’aiment et qui cherchent à se dire leurs liens, leurs bonheurs, leurs malheurs, leurs mercis, leurs souffrances, leurs besoins, ainsi que ceux de leurs proches naturels et ceux dont ils veulent se faire proche, au titre de la fraternité du Royaume de Dieu.
Mai 2018
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La prière universelle
Un peu de théorie d’abord (rappel « PGMR » = Présentation Générale du Missel Romain) :
Dernier élément de la liturgie de la Parole, la PU avait quitté la liturgie depuis de nombreux siècles et a été restaurée par Vatican II. Elle manifeste et favorise la participation active des fidèles, et revient à toute l´assemblée (PGMR 36). C’est une articulation fondamentale entre ce qui se passe dans l’assemblée et ce qui se passe à l’autel. Elle est toujours placée juste avant la présentation des dons. En effet, avec le pain et le vin, nous offrons toute la vie dont la PU se fait l’écho. C’est une prière amenée vers Dieu pour qu’il la transforme. C’est donc une prière de demande.
On l’appelle aussi « prière des fidèles », autrement dit des baptisés, parce qu’elle est confiée aux membres du corps du Christ : dans la prière des fidèles, le peuple exerce sa fonction sacerdotale.
69- Dans la prière universelle, ou prière des fidèles, le peuple répond en quelque sorte à la parole de Dieu reçue dans la foi et, exerçant la fonction de son sacerdoce baptismal, présente à Dieu des prières pour le salut de tous. Il convient que cette prière ait lieu habituellement aux messes avec peuple, si bien que l´on fasse des supplications pour la sainte Église, pour ceux qui nous gouvernent, pour ceux qui sont accablés par diverses misères, pour tous les hommes et pour le salut du monde entier.
Une fonction sacerdotale et universelle
Le peuple (..) exerçant la fonction de son sacerdoce baptismal, présente à Dieu des prières pour le salut de tous.
Par le baptême, en effet, le chrétien devient membre du corps du Christ. Il est fait « prêtre, prophète et roi ». Parce qu’ils sont baptisés et, par-là, incorporés au Christ-prêtre, les fidèles sont habilités à rendre un culte à Dieu.
Les fidèles ne sont donc pas là pour eux, ils ne supplient pas pour eux, ils n’offrent pas pour eux, ils ne rendent pas grâce pour eux. Ils supplient, offrent et rendent grâce au nom de toute l’Eglise qui les délègue pour exercer leur fonction sacerdotale au service de toute l’humanité et particulièrement au service des plus fragiles.
« Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve échos dans leur cœur. » (Concile Vatican II, Gaudium et Spes 1).
Il est donc un mot qu’il faut proscrire dans presque tous les cas de la PU : le « nous » (sauf dans le « nous te prions » ou « nous te confions »…). Pendant la PU, l’horizon de la prière doit s’élargir au maximum. Ce ne sont pas nos intentions de prière que nous déposons près du Seigneur, ce sont celles de nos frères. Et quand nous sommes en communion dans la prière à toutes ces intentions, il ne s’agit pas d’une juxtaposition de chrétiens qui prient, mais bien de l’Eglise.
(Remarque : La vraie prière pour l’assemblée est la prière eucharistique : « sur nous tous enfin, nous implorons ta bonté… » )
Une fonction d’actualisation et d’annonce
La prière universelle est aussi une prière actuelle ! La Parole de Dieu qui vient d’être proclamée, malgré son éloignement dans le temps, est une parole proclamée aujourd’hui pour aujourd’hui : à la messe, Dieu annonce son Règne qui vient maintenant. Et une homélie qui serait purement intemporelle ne serait pas fidèle à sa mission : le Règne qui vient maintenant, l’homélie doit expliquer où il vient et comment il vient. Façonnée par la Parole de Dieu, nourrie de l’homélie du prêtre, la PU sera une prière pour que ce Règne se voie et grandisse dans le monde de ce temps. Mystère de la prière liturgique : d’abord la Parole de Dieu nous ouvre les yeux sur le monde ; puis nous parlons à Dieu pour que, lui aussi ouvre les yeux et voie le monde.
Une fonction à exercer
Même si le Missel en donne quelques exemples et si des formulations sont proposées dans les revues liturgiques, la prière des fidèles doit être rédigée par des membres de l’assemblée, de manière à ce que l’assemblée se fasse le porte-parole des attentes concrètes de tous les hommes.
La PGMR, tout en ajoutant l’adverbe « habituellement », ce qui veut dire que le cadre proposé est souple, indique quatre pistes pour la rédaction des intentions :
70. Les intentions seront habituellement :
a) pour les besoins de l´Église,
b) pour les dirigeants des affaires publiques et le salut du monde entier,
c) pour ceux qui sont accablés par toutes sortes de difficultés,
d) pour la communauté locale.
Toutefois, dans une célébration particulière, comme une confirmation, un mariage ou des obsèques, l´ordre des intentions pourra s´appliquer plus exactement à cette occasion particulière.
71. C´est au prêtre célébrant de diriger la prière, de son siège. Il l’introduit par une brève monition qui invite les fidèles à prier. Il la conclut par une oraison. Il faut que les intentions soient sobres, composées avec une sage liberté et en peu de mots, et qu’elles expriment la supplication de toute la communauté.
Elles sont dites de l’ambon, ou d’un autre lieu approprié, par le diacre, un chantre, un lecteur ou un autre fidèle laïc.
Le peuple, debout, exprime sa supplication, soit par une invocation commune après chacune des intentions, soit par une prière silencieuse.
Les pièges à éviter
Parler à Dieu, prier Dieu, c’est, d’une certaine manière trahir l’image que nous nous faisons de lui. Et certaines formulations d’intentions donnent de Dieu une image qui n’est pas fidèle à ce que Jésus nous apprend du Père dans sa Bonne Nouvelle.
- Dieu magicien
On se dit que Dieu est tout-puissant et on lui demande de régler les problèmes du monde à notre place :
Prions pour les peuples qui se font la guerre : que Dieu arrête leurs combats et leur donne la paix !
La formulation démobilise l’homme. Or, c’est à chaque membre de l’assemblée d’être, patiemment, ardemment, un bâtisseur de paix… avec l’aide de Dieu.
- Dieu secouriste
On se dit que Dieu est un ami qui jamais n’abandonne ses fidèles dans le besoin :
Prions pour tous nos frères qui souffrent de la faim : donne-leur Seigneur, de quoi manger.
La formulation soulage l’homme. Or c’est à chaque membre de l’assemblée d’imaginer ce qui est possible –en lien, par exemple, avec l’épicerie solidaire, le Secours Catholique ou le CCFD- pour que la faim recule dans le monde… avec l’aide de Dieu.
Prier pour quelqu’un, c’est toujours prier avec lui : sa douleur devient notre douleur, sa faim devient notre faim, son impuissance devient notre souffrance.
La tempête s’est abattue sur nos frères de … Seigneur, nous te confions leur détresse.
Au fond prier pour quelqu’un, c’est reconnaître que Dieu est Dieu et qu’il est plus grand que ceux qui l’invoquent. Il est le Tout-puissant et son amour est plus vaste que sa création ; il est le Père de toute tendresse et son amour est plus fort que l’amour d’une mère pour son enfant.
Quelques règles
La PU comporte quatre parties :
- une invitation générale à prier (ou monition) par le prêtre
- des énoncés d’intentions par un lecteur qui peuvent avoir deux formes :
la plus simple : un énoncé des personnes ou des événements concernés
Pour un tel, … Seigneur nous te prions.
la plus classique : 1 / citer les personne ou l’événement 2/ dire ce que l’on souhaite 3/ l’adresser à Dieu par une supplique
- des réponses ou refrains par l’assemblée
- une prière de conclusion par le prêtre. Le lecteur reste à l’ambon jusqu’à la fin de celle-ci !
- On ne prie jamais pour des idées (la justice, la liberté, la solidarité), mais pour des personnes, des hommes et des femmes de ce temps qui, par exemple, se battent pour une liberté plus grande dans leur pays ou pour retrouver une liberté qui leur a été ravie.
- La 4ème intention « pour la communauté locale » ne désigne pas la seule assemblée présente, mais toute la communauté locale dont les absents font aussi partie.
- C’est le refrain qui est le vrai moment de la prière, et non l’intention. Ce refrain doit être bref et suppliant. Il demande seulement que la prière soit exaucée ; il ne doit pas s’encombrer d’autres considérations :
Dieu très bon, écoute nos appels.
Donne-nous, Seigneur, ta force et ta paix.
Exauce-nous, Seigneur de gloire.
Il est chanté après la 1ère intention par le lecteur et non après l’introduction par le prêtre ; sauf s’il est long : dans ce cas, on peut le réserver au début et à la fin de la prière
On peut aussi prier en silence, sans refrain !
- Une succession d’intentions et de refrains peut n’avoir de prière que le nom. La garantie de la prière réside aussi dans la part de silence qu’on y inclut. Le recueillement de tous sera facilité si celui qui dit les intentions sait doser le silence tout au long de la prière, par exemple qu’un silence d’intériorisation précède l’invitation à chanter, par exemple, juste avant « Seigneur, nous te prions » : des intentions mécaniques et qui se bousculent découragent l’attention des fidèles.
- Les intentions les plus courtes sont toujours les meilleures. Une intention n’a pas à être longue : plus elle sera brève et plus l’assemblée se l’appropriera. Ces intentions sont écrites pour être écoutées : les phrases doivent être suffisamment vivantes, courtes et claires pour que l’assemblée n’ait pas oublié le début de la phrase au moment du refrain !
- Elles doivent être concrètes.
- La PU n’est pas faite pour se plaindre auprès de Dieu des catastrophes survenues durant la semaine : loin d’être un journal télévisé sans les images, elle est un cri de confiance qui monte vers le Père par Celui qui « est en mesure de sauver d’une manière définitive ceux qui s’avancent vers Dieu, grâce à lui, car il vit pour toujours, afin d’intercéder en leur faveur. » (He 7,25)
- L’introduction et l’oraison conclusive reviennent au prêtre ; les intentions, au diacre ou aux fidèles.
Le Missel propose :
- 10 invitations sacerdotales et 9 prières de conclusion à l’usage des prêtres
- 8 séries d’intentions (qui devaient être jointes au CR mais seront envoyées ultérieurement)
La sobriété de ces suggestions, qui elles aussi restent à adapter, est exemplaire.
Attention : quand on confie la lecture de la PU à quelqu’un, on encadre ce qu’il doit lire et/ ou on barre ce qu’il ne doit pas lire.
Combien de fois un lecteur peu habitué lit aussi la conclusion prévue pour le prêtre ? ou, pire encore, lit les consignes d’adapter une intention au relais… (si l’équipe ne l’a pas fait, qu’elle barre cette ligne !).
Propositions de mise en œuvre
Depuis l’ambon (mais pas les annonces ou l’animation) ou depuis l’assemblée car la prière vient de la communauté.
Proposition de micro au milieu de l’assemblée pour des intentions libres, non écrites
Sur des papiers pour les gens trop timides pour venir au micro ? mais comment on collecte les papiers ?
c) pour ceux qui sont accablés par toutes sortes de difficultés,
Rappel : ne pas oublier d’accueillir les familles en deuil lors du mot d’accueil.
Intentions pour les malades ? Intentions confiées par les différentes associations de la paroisse ACAT (inclure l’appel du mois dans la PU), le Secours Catholique, l’épicerie solidaire, etc. Ces associations sont sur le terrain et pourraient nous confier des personnes concrètes (dans le respect de leur anonymat).
d) pour la communauté locale.
Les noms des baptisés du jour sont dans la feuille paroissiale pour être inclus dans la prière de l’assemblée (pas seulement ceux du clocher) et les mariages sont affichés dans les sacristies. Les communions, confirmations, etc.
Rôle du diacre ? (cf 171 et 197 de la PGMR) Le faire intervenir à ce moment-là n’est pas particulièrement canonique, sauf lecture des intentions qui sont de son rôle. Une certaine souplesse est possible !
Saint Paul invite à prier pour ceux qui nous gouvernent et pour bien d’autres personnes. C’est ce que nous faisons dans la prière universelle. Même si nous sommes aidés à la rédaction de ces intentions de prière par des revues, rien ne remplace la touche personnelle et actuelle que nous pouvons y apporter. Attention, toutefois, à toujours prier pour des personnes et non pas pour des idées, aussi généreuses soient-elles. La « prière ne vise pas à instruire Dieu mais à construire l’homme », disait saint Augustin. La prière universelle nous engage, comme le dit une belle oraison conclusive du Missel, à « accomplir avec Dieu ce que nous lui avons demandé ».
Signes d’aujourd’hui n°246 p.19
Sources : PGMR, Guide Signes d’Aujourd’hui « Pour célébrer la messe »
Janvier 2017