Mémo Chants et répertoire paroissial

    Chants et répertoire paroissial


    I - Le chant comme mémoire croyante de l’assemblée

    Un des enjeux de la musique liturgique, c’est la transmission de la foi.

    Inscrit dans un temps liturgique, associé aux actions de la liturgie, le chant aide à mémoriser les mots que nous répétons dimanche après dimanche, fête après fête.

    Lex orandi, lex credendi : l’Eglise croit comme elle prie.

    Mgr de Monléon disait, lors d’un rassemblement de choristes à Lourdes : « Vous le savez aussi, par le chant se transmet la mémoire de la foi et vous avez cette responsabilité magnifique de transmettre la foi. Vous participez à ce que le Seigneur a confié à ses apôtres « d’évangéliser les nations ». »

    Nous devons donc accorder de l’importance à ce que nous chantons.

     

         I-1 Le chant nourrit notre foi…

    Il permet d’éprouver la foi comme mémoire. Tout au long des Ecritures, on peut trouver maintes traces de cette injonction à se souvenir.

    Nous faisons partie d’un peuple, le peuple des croyants. Nous avons reçu notre foi de la Tradition, par les prophètes, par les apôtres…

    A nous, est confiée la responsabilité de transmettre, dans la fidélité à ce que nous avons reçu. Il n’y a pas de foi sans tradition, pas de foi sans transmission du souvenir.

    La possibilité d’espérer pour l’avenir dépend du souvenir : un des enjeux du faire mémoire et de la transmission est donc l’espérance. L’ennemi de la foi, c’est la perte de mémoire, l’amnésie.

     

         I-2 Le chant a un rapport très étroit avec la mémoire

    En passant par tout notre corps, il imprime les mots de la foi :

    • Il imprime parce qu’il fait entendre… et la foi naît de ce qu’on entend, nous dit saint Paul (Rm 10,17). La foi est entendue avant d’être comprise ! Elle est son, avant d’être raison.

    Ex : « Frère Jacques, sonnez les matines ! » c’est une comptine dont les enfants ne comprennent pas tous les mots.

    • Le chant a la capacité de conduire au-delà des mots parce que Dieu est lui-même au-delà des mots.
    • Le chant est souvent de la poésie : il fonctionne par images, par associations d’images, en utilisant des symboles… tout ce qui fait qu’un poème se retient mieux qu’une prose.
    • La poésie nous fait aller plus loin que les mots ; la poésie n’enferme pas, elle ouvre.


         I-3 Le chant doit donc porter les mots de la foi

    « La musique liturgique n’a pas pour objet que nous nous y retrouvions, cad que la musique nous plaise, nous séduise… mais que, par elle, et quels qu’en soient les atours, ce soit la Parole qui nous trouve et perce au cœur. » Jean-Michel Dieuaide (compositeur)

    Ce qui veut dire que le texte est chargé de nourrir la mémoire priante, qu’elle soit personnelle ou communautaire, et il le fait à partir des mots de la foi et de la coloration des temps liturgiques.

    La constitution sur la liturgie du Concile Vatican II (SC 121) souligne que les textes destinés au chant seront conformes à la doctrine.

    Or la langue évolue, donc les mots pour exprimer la foi aussi. Apprendre des chants nouveaux correspond à une pastorale actuelle. Le Pape François invite  à la créativité, enracinée dans une tradition liturgique et musicale, avec un saut qualitatif.

     

          I-4 Pour aider les fidèles dans leur foi de tous les jours, on veillera à plusieurs éléments

    Voir grille d’analyse de chants

    1. 1.     d’abord on regardera le texte

    en privilégiant ceux qui s’appuient sur l’Ecriture et les sources liturgiques, sans oublier leur dimension poétique et littéraire, et en veillant aussi à l’emploi des citations bibliques : elles ne sont pas garantes à elles seules de la cohérence de l’ensemble, lorsqu’elles sont mises bout à bout.

    1. 2.     Puis, on observera comment s’exprime ce qui est dit :

    Certains textes accumulent les expressions en « je » au détriment de celles en « nous », or c’est la dimension ecclésiale de la foi qui est en jeu.

    Veiller à ce qu’il n’y ait pas une trop grande utilisation d’infinitifs : ceux-là n’aident pas à situer notre foi dans une histoire (passé, présent, avenir). Ex. « Trouver dans ma vie ta présence » où rien n’indique qu’on parle de Dieu…

    Privilégier ceux dont le texte nous fait nous adresser au Seigneur, plutôt que de parler de lui.

    1. 3.     Nécessité également de la qualité de l’écriture musicale

    Une musique bien faite s’inscrit facilement dans la mémoire longue. Même si les qualités musicales du chant ne suffisent pas car il faudra qu’il soit adopté par l’assemblée.

    1. 4.     Un chant qui « prend le temps »

    Le temps du cycle liturgique : toute l’année est porteuse de l’ensemble du mystère pascal et les temps liturgiques mettent en valeur tel ou tel aspect du mystère souligné par la « couleur » des chants, comme la couleur des vêtements liturgiques.

    Reste la difficulté d’apprendre un chant pour une fois dans l’année (semaine sainte en particulier).

    Avec le chant grégorien, l’unité des temps liturgiques était donnée par un ordinaire commun (Kyrie, Gloria, Sanctus, Agnus) et le « propre » changeait chaque dimanche (entrée, ps, alléluia, offertoire et communion).

    Le temps de la pédagogie selon l’adage populaire : « ce qui n’est pas fait avec le temps, le temps ne le retient pas. »

    1. 5.     Un chant qui « s’incarne » avec justesse dans l’action liturgique

    C’est un puissant moyen mnémotechnique. Chants qui constituent un rite (Gloria, Ps, acclamation à l’Evangile, sanctus, acclamation d’anamnèse et hymne après la communion) et chants qui accompagnent un rite (entrée, Kyrie, offertoire, Agnus, communion).

     

         I-5 La répétitivité

    « La routine ne réside pas dans la musique (surtout si elle est bonne), mais dans notre paresse à nous investir totalement dans l’acte liturgique que porte cette musique. Ce n’est pas le chant qui doit être nouveau, c’est nous qui devons chanter en hommes nouveaux, renouvelés ! » dit le Père Louis Groslambert.

    La répétition n’est pas un rabâchage : elle permet à l’assemblée d’être à l’aise.

    Pour s’inscrire dans la mémoire, un chant a besoin d’être repris souvent. On craint la routine, mais il y a une bonne routine. C’est celle qui consiste à reconduire et donc à stabiliser les chants qui, localement, conviennent à la communauté, d’une année sur l’autre ou sur le cycle des 3 années liturgiques.

    Si je peux me souvenir que « si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal » Ps22

    Si je peux me souvenir que « tout vient de toi, ô Père très bon, nous t’offrons les merveilles de ton amour » C 66, CNA 234

    Si je peux me souvenir que dans le Seigneur, « je trouverai la force inépuisable » (Partageons le pain du Seigneur)

    Si je peux me souvenir que « tu es notre défenseur » (Viens, Esprit de Dieu, K 235)

    Si je peux me souvenir que « Dieu, tu m’as répondu » Ps 21

    Alors, je peux continuer à espérer !

    Car par le chant, nous revivons ici et maintenant les sentiments, les émotions qui y sont associés. De la même manière, ce que nous vivons fera monter à notre mémoire les paroles de circonstance apprises presqu’à notre insu, et porteuses de notre foi.

    Parce que nous sommes chrétiens, nous faisons mémoire comme le Christ nous l’a demandé.

    • Cette mémoire est véhiculée en particulier par le chant et la liturgie.
    • Nous avons le devoir de promouvoir un répertoire qui dit les mots de la foi, et dont la musique sert bien ces mots.
    • Il ne suffit pas de choisir des chants bien adaptés à un rite ou à un temps liturgique pour qu’il entre dans la mémoire croyante du chrétien ; il faut encore qu’il soit régulièrement associé au même geste, au même rite, au même temps liturgique.

    C’est un enjeu pour notre foi personnelle, mais aussi pour la communauté, car le chant engendre une mémoire collective, et il est créateur de liens sociaux, donc aussi de liens fraternels !

    Documents à tirer : Tableau des côtes et Grille d’analyse