Homélies à méditer
Homélie Yves Paulignan - 1er dimanche de Carême 2024
Marc 1, 12-15
Je voudrais vous faire partager d’abord une anecdote que nous avons vécu mon épouse et moi.
Profitant de la présence de notre neveu en Algérie, nous avons visité en novembre, quelques grandes villes de ce pays et surtout nous avons séjourné 7 jours dans le désert. Nous campions chaque jour dans un endroit différent alternant marche et déplacement en voiture. La première chose qui nous a étonné dans ce voyage, et il y en a eu biens d’autres, alors qu’il existait une tension importante entre la France et l’Algérie lors de notre départ, c’est l’accueil de ce peuple. Combien de fois dans la rue avons –nous été interpellés par des personnes qui nous disaient spontanément : soyez les bienvenues dans votre pays. Oui dans votre pays. Stupeur, étonnement de notre part. Nous nous sommes dit que vraiment avant de porter un jugement sur quelqu’un, il fallait le rencontrer et non pas se fier uniquement à des informations plus ou moins vraies. Puis-je y penser pendant ce carême. La deuxième chose qui nous a étonnés, c’est le désert, que j’ai eu l’occasion de connaitre ailleurs et dans des circonstances difficiles, et qui est effectivement, comme l’écrit Marc, peuplé de bêtes sauvages mais aussi de plantes adaptées aux conditions climatiques. Mais le désert, c’est surtout la rencontre avec l’indicible que l’on trouve dans la beauté de la nature avec ses jeux de lumière sur le sable et rochers ; mais aussi dans le plus profond de nous-mêmes. C’est là que Dieu nous touche. Et il n’est pas étonnant que Jésus, qui nous a rejoint dans notre humanité avec humilité et pauvreté – cf la crèche- y soit conduit par l’Esprit Saint, après son baptême dans le Jourdain, pour y faire l’expérience de sa déité par un combat de 40 jours contre Satan, dont il sortira vainqueur. Il a signifié ainsi à Satan qu’il n’est pas le maitre de notre humanité. Avec Jésus, nous aussi, nous sommes vainqueurs. En ce premier dimanche de carême, Marc, dans cette partie du récit, nous invite à suivre Jésus et à nous retirer, à notre tour dans le désert de notre être pour lutter contre nos démons intérieurs et rencontrer Dieu. Ces démons, nous pouvons en citer quelques uns : amertume, égoïsme, colère, emportement, haine, refus du réfugié, indifférence vis-à-vis du pauvre, et des populations affamées, recherche inconsidérée des biens matériels, etc..40 jours pour reconnaitre avec humilité toutes nos faiblesses. Il ne s’agit pas d’en rougir, de se flageller mais simplement les présenter au Seigneur et lui demander de nous aider à les porter. N’oublions pas que Jésus n’est pas venu pour les biens portants mais pour les malades que nous sommes tous. C’est le premier enseignement de ce récit qui se poursuit avec l’effacement de jean Baptiste, dernier prophète de l’Ancien Testament. La nouvelle alliance promise par Dieu dans la Genèse se manifeste en Jésus. Le signe promis sera celui de la Croix, signe de rédemption et de gloire. L’expérience du désert pousse alors Jésus à vite agir. « Aussitôt » nous dit Marc. Il ne part pas à Jérusalem mais en Galilée, terre païenne, pour annoncer la Bonne Nouvelle car le monde païen aussi a soif de cette Nouvelle. Que nous dit cet « Aussitôt »Que nous dit cette attitude de Jésus ? Elle nous dit qu’il y a urgence à le suivre. Témoigner, comme certains le font le dimanche au cours de la messe, entre dans le cadre de cette urgence. Par notre baptême nous sommes prêtres, prophètes et rois. Et je dirai plus que çà, car si Dieu s’est fait homme, par notre baptême nous sommes enfants adoptifs de Dieu et donc des dieux, fierté que nous devons assumer. Et nous avons alors la lourde tâche d’annoncer cet émerveillement à nos frères et sœurs qui ne le connaissent pas. Il ne s’agit pas d’être comme les témoins de Jehova. Le pape François nous le dit, pas de prosélytisme. Mais par notre façon d’être, de vivre, de parler, étant attentif à la souffrance et à la solitude de l’autre, en refusant d’écouter sans vérifier les informations assassines et de les répandre, nous témoignerons de cette lumière intérieure qui nous anime. Ensuite Dieu fera le reste. « Le règne de Dieu est proche ». Oui il est ici et maintenant et pas seulement dans la demeure du Père. Notre conversion doit entrainer celle des autres. C’est le deuxième enseignement de ce récit. Par sa mort et sa résurrection, Jésus instaure ce règne qui a débuté par sa victoire sur Satan dans le désert. Sa Croix et son Corps, don qu’il nous offre, et qui nous fait un avec le Christ quand nous le recevons, sont bien la manifestation de ce règne. C’est pour nous la joie. Non la joie éphémère que nous connaissons mais celle que les apôtres ont connue en retrouvant Christ ressuscité. C’est le troisième enseignement de Marc.
Oui, frères et sœurs, durant ce temps de carême laissons nous toucher par le Seigneur et touchons le divin en nous, cette lumière intérieure. Et nous le pourrons d’autant mieux, en apprenant à connaitre, à comprendre, à aimer Jésus. Comment? En nous nourrissant le plus possible de la Bonne Nouvelle. Derrière le nuage de notre vie, se trouve la plénitude, l’amour de Dieu et, là, est le temps de la joie que nous propose le carême. Amen
--------------------------
Homélie Yves Paulignan du 24 septembre 2023
St Matthieu 20, 1-16 - « Ton regard est-il mauvais parce que moi je suis bon »
Dans notre société actuelle, le profit, le gain ont une importance primordiale. Le travail n’a de sens souvent qu’en fonction du salaire. Les américains, par exemple, se saluant pour la première fois annonce leur nom mais aussi leur salaire. Dans notre société, le salaire participe grandement à nous situer sur l’échelle sociale. Mais pour être honnête, il y a actuellement de minimes prémices d’un changement. Des jeunes, quelque soit leurs activités, ont tendance à vouloir privilégier un travail qui donne du sens à leur vie plutôt que le salaire qu’il procure. Puisse l’esprit saint favoriser ce mouvement ! Pour l‘heure reconnaissons que si on suivait la parabole de Jésus telle quelle, on provoquerait une grève générale.
En fait, Jésus, dans cette parabole qui comme dans beaucoup de paraboles parait invraisemblable – en effet quel vigneron sérieux ne prévoirait pas un nombre suffisant d’ouvriers le matin ou n’enverrait pas son intendant chercher d’autres ouvriers plutôt que lui- veut souligner, comme il est écrit dans le psaume que « la bonté du Seigneur est pour tous » et cette bonté, Dieu la manifeste à tout moment. Il faut savoir que Matthieu s’adresse à des juifs convertis qui se sentent supérieurs aux païens convertis car venant d’une lignée de fidèles au Dieu d’Abraham. Ils pensaient avoir ainsi plus de mérites. Cet état d’esprit, Jésus l’a rencontré, chez les Pharisiens, quand il mangeait avec les Publicains. Il en fut de même chez Jonas qui trouvait injuste que Dieu pardonne aux habitants de Ninive. La justice de Dieu c’est aimé sans mesure et sans distinction, et le larron sur la croix en est un exemple.
Jésus est le modèle d’humilité et d’amour ; il est mort à lui-même sur la croix pour nous donner sa vie et la vie à tous. Il n’abandonne pas ceux qui sont laissés pour compte dans notre société. Ainsi va –t-il au devant des prostituées pour leur signifier le pardon de Dieu et l’amour qu’Il leur porte. Il touche le lépreux, rejeté par la société, pour le guérir. Il laisse le troupeau de brebis pour aller chercher celle qui s’est perdue. Jésus nous exhorte ainsi à nous comporter et à agir comme Lui.
Dieu est donc d’une bonté qui ne se marchande pas, qui ne se livre pas selon le mérite de chacun. Dieu est un puits de bonté infini. C’est cela que les premiers ouvriers n’ont pas compris. Et c’est cela qui va à l’encontre de notre tendance. Tendance qui, parfois, nous fait interpeller Dieu lui reprochant de ne pas nous traiter mieux que les autres, nous qui allons à la messe tous les dimanches. Quand nous avons cet état d’esprit, songeons à ce que dit le Seigneur dans Isaïe. « Mes pensées ne sont pas vos pensées et vos chemins ne sont pas mes chemins ». Et souvenons-nous, aussi, de ce que Jésus nous dit » Je ne suis pas venu pour les biens portants mais pour les malades ». Somme toute, les ouvriers de la dernière heure ne sont-ils pas les plus malades ? Qu’il serait bon que nos sociétés occidentales, démocratiques se penchent davantage sur les plus fragiles d’entre nous mais aussi sur nos frères et sœurs des pays les plus pauvres. Le monde pourrait en être changé.
Sœurs et frères, comme l’écrit St Paul, soyons ces ouvriers qui vivent pour le Christ. Comme Lui, qui s’est abandonné entre les mains du Père, sachons nous abandonner entre ses mains et demandons à l’Esprit Saint de nous aider à comprendre ses volontés et à les réaliser sans réclamer des dividendes. car ses volontés sont justes, bonnes, délivrances et amour. Faisons confiance à la bonté, à la justice de Dieu. Et puis, je crois qu’il faut être très heureux de ce que dit cette parabole. Qui peut se targuer d’être le premier ? Pour ma part, j’espère être, au moins, parmi les derniers appelés à être conviés à rejoindre son Royaume et je compte sur la miséricorde divine ; Car ne vaut-il pas mieux être le dernier que d’être le premier si c’est pour avoir le regard mauvais ? Que l’Esprit Saint ne me le fasse jamais oublier. Amen
---------------------------------
Homélie du père Bernard ROBIN
7e dimanche ordinaire - 19/02/2023
Les paroles d’un texte de Saint François de Sales citées, par Bernard ROBIN pendant une homélie :
Il est normal, lorsque nous commettons quelque faute, d’être mécontent. Il faut pourtant nous garder de toute aigreur, de tout dépit, de toute colère. Il en est beaucoup qui, pour s’être trop énervés, s’énervent encore d’avoir été énervés, ont du dépit d’en avoir eu, sont en colère de l’avoir été. Par là, ils tiennent leur coeur dans un mécontentement permanent …
Le mécontentement que nous causent nos fautes doit être serein, réfléchi et ferme ....
Nous nous corrigeons bien mieux par un repentir paisible et ferme que par un repentir plein d’aigreur, d’emportement et de colère ……
Ainsi lorsque notre coeur aura commis quelque faute, reprenons-le avec douceur et patience, avec plus de compassion que de passion, en l’encourageant à se réformer. Le repentir qu’il en concevra sera bien plus profond que si nous nous énervons et tempêtons contre nous-mêmes.
Si par exemple j’attachais une extrême importance à ne pas tomber dans un péché de vanité, et que néanmoins j’y fusse tombé, et de haut, je ne vou-drais pas reprendre mon coeur de cette manière : « Quoi, misérable ! Après tant de résolutions n’es-tu pas abominable de t’être laissé surprendre par la vanité ? Meurs de honte ! N’aie pas l’outrecuidance d’oser lever les yeux au ciel, toi qui as trahi ton Dieu ! » et semblables choses. Je voudrais plutôt le corriger en le raisonnant, et en ayant compassion : « Allons, mon pauvre coeur ! Nous voilà dans la fosse où nous nous étions juré de ne pas tomber, allons, quittons-la, relevons-nous ; appelons-en à la miséricorde de Dieu ; mettons en elle notre espérance pour être désormais plus fidèle ; reprenons le chemin de l’humilité, et courage ! Soyons plus vigi-lant à l’avenir. Dieu nous aidera, et avec lui nous ferons beaucoup ! » Après cela, je prendrais la ferme résolution de ne plus tomber dans cette faute, j’en prendrais les moyens, et je me rangerais aux avis de mon directeur spirituel. …..
… Ne vous étonnez jamais de vos chutes. Il n’y a rien d’anormal à ce que l’incapacité soit incapable, la faiblesse faible, et la misère misérable. Détestez pourtant de toutes vos forces l’offense que vous avez faite à Dieu. Et avec une grande confiance en lui, reprenez courageusement le chemin de la vertu que vous aviez quitté.
####################
Homélie du 06 novembre 2022
32ème dimanche du temps ordinaire
Deuxième livre des Martyrs d’Israël (2 M7, 1-2 .9-14) ; Psaume 16 (17) ; 2 Thessaloniciens 2, 16-3,5 ; Luc 20, 27-38 ;
Attaque sournoise, persiflage… la manœuvre des Sadducéens – des gens fidèles, mais qui s’en tenaient aux premiers livres de la Loi. Qua la foi doive progresser et s’enrichir de conquêtes nouvelles était hors de leur perspective : donc pour eux, toute innovation en Israël la loi du « lévirat » - tombée en désuétude au 1er siècle qui autorisait voire obligeait un homme à épouser sa belle-sœur, veuve et sans enfant, pour donner une descendance à son frère. Et l’enfant né de cette union, devait prendre le nom de son frère défunt. A partir de là, les Sadducéens, qui avaient un état d’esprit conservatiste et fondamentaliste, qui savaient que la foi du peuple d’Israël en la résurrection n’était qu’une conviction récente… (2ème siècle) qui était née à l’occasion d’une persécution dont on a entendu tout à l’heure le récit, ces Sadducéens donc montent un cas d’école absolument rocambolesque et invraisemblable. Les 7 frères meurent les uns après les autres : du coup, dans l’au-delà, demandent-ils goguenards, duquel d’entre eux sera-t-elle enceinte ?
Cette polémique ne se comprend aussi que parce qu’à l’époque l’image du retour à la vie ressuscitée était objet de débat ; l’idée qui trottait en l’air était que l’humanité ressuscitée disposerait d’une fécondité exceptionnelle. Des Pharisiens disaient : « viendra un temps où la femme enfantera une fois par jour » - imaginez Mesdames ! OU ENCORE « chaque Israélite aura autant de fils qu’il y eut de personnes qui étaient sorties d’Egypte… soit 600.000… Imaginez Messieurs ! « Bref la résurrection est conçue à l’époque, comme une réanimation des corps, auxquels étaient prêtés une fécondité merveilleuse et une reprise des activités terrestres. Tout cela nous fait un peu sourire, mais c’est parfois cette représentation que nous avons encore un peu en tête, et à cause de laquelle un certain nombre d’incroyants refusent la foi en la résurrection.
La réponse de Jésus est en deux vagues
La première : il y a pour lui une différence radicale entre la vie terrestre et la vie nouvelle dont on hérite à la résurrection. Dans ce monde ci, les humains engendrent et meurent ; la sexualité assure la survie de l’espèce. Ceux que Dieu juge digne d’entrer dans le monde qui vient et qu’il ressuscite, ne connaîtront plus la mort ; l’immortalité supprime donc la procréation. « Semblables aux anges » : expression très instructive ; cela signifie que la résurrection n’est pas un retour à la vie terrestre mais une transformation radicale, une récréation inimaginable de l’être humain qui jouira de la splendeur, de la beauté, de la lumière, de l’éclat de la gloire. Ne cherchons pas trop les détails. Nous naîtrons à la condition céleste, donc mis en présence du Dieu vivant.
La deuxième vague de la réponse de Jésus : c’est de s’appuyer sur l’Ecriture elle-même : et sur Moïse auquel les Sadducéens sont très attachés. Or Moïse qui a la révélation que Yahvé n’est pas le « Dieu des morts mais des vivants ». Devant le buisson ardent, Yahvé lui révèle que la relation qu’il a nouée avec les patriarches, Abraham, Issac et Jacob ne peut être interrompue. Dieu n’est pas lié d’alliance avec eux pour les quelques années de leur existence.
L’alliance de Dieu va au-delà de la mort physique : elle est sans retour. Dieu s’est engagé à œuvrer sans relâche : il ne revient pas sur sa promesse. La puissance de l’amour de Dieu n’est pas éphémère.
Voilà un enseignement sur la résurrection qui ne comble pas toutes nos curiosités sur la manière dont notre corps terrestre actuel sera glorifié par la résurrection, mais tant mieux : il nous est suffisant de savoir, de croire en cette recréation, en cette plénitude d’amour que nous aurons en héritage, qui sera égale et supérieure aux plus grands moments de bonheur que nous avons eu dans nos vies. Nous serons en proximité étroite avec Dieu, en continuité certes, mais dans une radicale nouveauté : nous ne serons pas embarrassés par cette épouse aux multiples maris, et qui ne veut en lâcher aucun. La personne humaine n’est pas un esprit qui revêt des enveloppes humaines successives comme dans la croyance de l’incarnation. Là où nous attendons ou nous craignons une suite, c’est un nouveau commencement qui nous attendra. La vie ressuscitée est sans modèle terrestre. La mort devient le passage à cette communion inouïe, plénière définitive, chant de louange unique. Dans cette eucharistie, goûtons ce pain des anges -Vivons cette messe avant-goût de notre proximité avec Dieu.
Père Bernard ROBIN.
####################
Retour sur l’homélie du dimanche 23 octobre 2022 prononcée par le père Innocent
30ème dimanche ordinaire
Textes du jour : Si (Ben Sira le Sage) 35,15b-17.20-22a ; Psaume 33 ; 2 Timothée 4,6-8. 16-18 ; Luc 18, 9-14.
« Chers frères et sœurs, aujourd’hui nous clôturons « la semaine missionnaire mondiale » mais ce n’est pas la fin de notre mission. Bien au contraire, par nos engagements baptismaux, nous continuons chaque jour à être en mission. Nous sommes toujours une Église en sortie ; nous allons en périphérie discuter même avec ceux qui ne partagent pas forcément les mêmes opinions spirituelles que nous.
Justement les textes sacrés de ce dimanche nous présentent l’une des qualités d’un « missionnaire » : c’est « l’humilité » ou le rejet de « l’orgueil, de clivage, l’esprit de condescendance, de supériorité, prendre les autres pour des moins que rien. Le chrétien, le missionnaire devra être humble, petit devant Dieu, devant ses frères et sœurs. Pas nous justifier, pas nous enorgueillir, pas nous glorifier de nos qualités spirituelles et humaines car Seul Dieu nous rend justes.
Pour illustrer cette humilité, Jésus nous raconte la parabole (une parabole est une histoire racontée pour transmettre un message précis) de deux hommes qui vont prier au Temple, un pharisien et un publicain. Les pharisiens étaient hommes religieux dans le judaïsme qui connaissaient, vivaient et observaient strictement la Loi de Dieu ; c’était des vrais légalistes. Ce pharisien dit la vérité lorsqu’il affirme « qu’il jeûne deux fois par semaine ; il donne la dîme », etc... Il dit sincèrement ce qu’il vit réellement. Malheureusement dans sa prière, il insulte et traite les autres hommes comme voleurs, injustes et adultères. Les autres hommes sont mauvais et lui se croit « juste, correct, saint, parfait, irréprochable », etc...
Par contre, le publicain, c’est-à-dire le collecteur d’impôts, (à l’époque de Jésus, les collecteurs d’impôts n’avaient pas bonne presse parce qu’ils n’étaient pas assez honnêtes dans la gestion de la chose publique. St Matthieu qui, avant de devenir Apôtre de Jésus, était aussi collecteur d’impôts, dans sa prière, reconnaît qu’il est pécheur, il demande pardon à Dieu, il bat sa coulpe et voudrait faire amende honorable. « Seigneur, prends pitié du pécheur que je suis ! ».
Finalement, Jésus réprimande le comportement orgueilleux du pharisien, son attitude de se croire juste, correct grâce à ses qualités spirituelles. Par contre, le Christ fait l’éloge du publicain qui est humble, qui s’abaisse en se reconnaissant pécheur repentant. Il devient un homme juste en s’abaissant. « Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé ». Le publicain se dit « pauvre de Yahvé » c’est-à-dire il se remet totalement entre les mains de Dieu pour le sauver, le rendre juste. Comme nous l’avons écouté dans la première lecture, « Le Seigneur ne défavorise pas le pauvre …la prière du pauvre traverse les nuées … ».
Chers frères et sœurs, nous allons offrir le Saint Sacrifice de la Messe afin que le Seigneur nous aide à être des « pauvres de Yahvé », des missionnaires humbles, sans orgueil, sans esprit de condescendance, ni mépris, ne pas se croire supérieur aux autres mais être des chrétiens qui sachent considérer toute personne humaine. Comme dira St Paul « Qu’as-tu que tu n’aies reçu. Et si tu l’as reçu, pourquoi t’enorgueillir, te glorifier comme si tu ne l’avais pas reçu » (1 Corinthiens 4,7). Amen !
Père Innocent KHONDE MABIALA.
####################
DIMANCHE 16 OCTOBRE 2022
29ème dimanche ordinaire - Année C
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 18, 1-8En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples une parabole sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager :« Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes.
Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : ‘Rends-moi justice contre mon adversaire.’
Longtemps il refusa ; puis il se dit : ‘Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte personne, comme cette veuve commence à m’ennuyer, je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.’ »
Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice ! Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus,
qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? Je vous le déclare : bien vite, il leur fera justice. Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »
HOMELIE
Le rédacteur de l’Evangile de Saint Luc attribue de nombreux enseignements de Jésus sur la prière. Plus que dans les autres évangiles, Jésus insiste sur la nécessité de prier, en toute circonstance. La prière est l’expression de la foi des disciples de Jésus et en particulier des petits et des pauvres qui expriment par leur prière toute leur confiance en Dieu
Dans le passage d’aujourd’hui, il est demandé aux disciples de « toujours prier sans se décourager ». Jésus reconnait que le découragement est une des raisons pour lesquelles, nos prières deviennent fades, routinières, sans âme Ce découragement provoque chez certains d’entre nous la perte du goût, du désir même de prier. Au fond la prière serait inutile, elle nous empêcherait d’agir, elle mettrait Dieu en concurrence avec notre liberté.
Et voilà que Jésus, comme dans d’autres passages de l’Evangile sur ce sujet n’hésite pas à provoquer, à choisir une anecdote surprenante pour mettre en valeur la force de la prière. Il choisit l’exemple d’une pauvre veuve qui ne parvient pas à obtenir justice. Elle ne lâche pas le juge chargé de l’affaire qui n’en a cure. Il est indélicat « Il ne craignait pas Dieu et méprisait les hommes ». Or cette pauvre veuve fait le siège du juge indigne au point que celui-ci pour ne plus être importuné par cette plaignante se résout à lui donner satisfaction… Tout était contre elle, une femme, pauvre, face à un juge dépourvu de justice. Cela nous rappelle cet autre exemple choisi par Jésus pour dire l’importance de la prière, un homme n’hésite pas à venir, de nuit chercher du pain chez un voisin pour recevoir un visiteur. Jésus dans ce cas loue le sans gène de cet ami qui va jusqu’à réveiller son voisin. « Il lui donnera tout ce qu’il voudra non par amitié mais à cause du culot qu’il manifeste en ne respectant pas le repos de la famille de son voisin. Le texte se poursuit, « demandez et vous recevrez, cherchez vous trouverez, frappez et on vous ouvrira »
Avec Dieu, Jésus invite les priants à avoir la constance provocatrice de cette veuve qui va jusqu’à casser les oreilles du juge par ses réclamations ou le sans gêne de l’ami importun. Nous ne dérangeons jamais Dieu par nos demandes si elles sont justifiées et légitimes. Notre prière est alors souvent l’expression d’une plainte, d’une attente, d’un désir fondamental. Il ne s’agit pas d’un caprice mais bien d’une attente essentielle. Dieu les connait. Il les entend.
La prière quand elle est sincère nous transforme. Elle nous rend plus lucide sur nous-mêmes. Elle nous ouvre aux malheurs du monde, de la société et de la création. Loin de nous déresponsabiliser, la prière nous rends solidaire de tous les priants du monde qui souffrent et espèrent un monde meilleur. Elle nous rend attentifs aussi à ceux qui sont repliés sur eux incapables d’ouvrir l’avenir. La prière est un ballon d’oxygène pour le cœur et l’âme des croyants. Elle provoque à l’intériorité en dépassant les frustrations superficielles et en creusant en nous une relation d’amour et de confiance avec Dieu par l’écoute de sa présence dans le silence, dans l’étude de la parole et par la mise en accord de nos actes avec sa volonté.
La prière est aussi louange, cri de joie et d’action de grâce pour ce mystère qui nous habite pour la beauté de la création, pour l’engagement libre et aimant de tant de personnes au service des autres, mais aussi au service de Dieu.
La prière a enfin une dimension communautaire dans la liturgie, dans la vie fraternelle, ou même familiale. Nous sommes souvent trop pudiques, nous n’osons pas prier avec d’autres en dehors des cadres habituels. Pourtant la prière est vraiment la respiration de l’âme, mais elle est souvent atrophiée… dans nos groupes et nos familles.
Retenons la question qui clot ce texte sur la prière. Pour Jésus, Dieu fera justice quoiqu’il arrive… Mais le Fils de l’homme quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? C’est du coté de l’homme et de sa foi que le chemin doit se faire sans limite, sans restriction avec l’audace et la confiance que nous recevons sans cesse de Dieu si nous voulons bien l’accueillir. Le Fils de l’homme quand il viendra, trouvera-t-il la Foi dans notre cœur, nos groupes, nos équipes, nos célébrations.
-------------------------
AUTRE HOMELIE
Lecture du livre de l’Exode 17, 8-13
En ces jours-là, le peuple d’Israël marchait à travers le désert.
Les Amalécites survinrent et attaquèrent Israël à Rephidim.
Moïse dit alors à Josué : « Choisis des hommes, et va combattre les Amalécites. Moi, demain, je me tiendrai sur le sommet de la colline, le bâton de Dieu à la main. »
Josué fit ce que Moïse avait dit : il mena le combat contre les Amalécites. Moïse, Aaron et Hour étaient montés au sommet de la colline.
Quand Moïse tenait la main levée, Israël était le plus fort. Quand il la laissait retomber, Amalec était le plus fort.
Mais les mains de Moïse s’alourdissaient ; on prit une pierre, on la plaça derrière lui, et il s’assit dessus. Aaron et Hour lui soutenaient les mains, l’un d’un côté, l’autre de l’autre. Ainsi les mains de Moïse restèrent fermes
jusqu’au coucher du soleil.
Et Josué triompha des Amalécites au fil de l’épée.
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre à Timothée 3, 14 - 4, 2
Bien-aimé, demeure ferme dans ce que tu as appris : de cela tu as acquis la certitude, sachant bien de qui tu l’as appris.
Depuis ton plus jeune âge, tu connais les Saintes Écritures : elles ont le pouvoir de te communiquer la sagesse,
en vue du salut par la foi que nous avons en Jésus Christ.
Toute l’Écriture est inspirée par Dieu ; elle est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice ; grâce à elle, l’homme de Dieu sera accompli, équipé pour faire toute sorte de bien.
Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire.
Nous commençons ce week-end la semaine missionnaire mondiale. Or, les textes de la liturgie du 29ème dimanche du temps ordinaire nous parlent tous de l’efficacité de la prière.
Paradoxe ?
Pas tant que cela. Les plus grands missionnaires ont été aussi de grands priants.
Les textes de ce jour nous parlent de la prière incessante de Moïse, du véritable secours que seul Dieu donne, de la nécessité de proclamer la Parole de Dieu (et donc de l’avoir prié avant…) et de l’efficacité de la prière incessante dans l’évangile.
Mais regardons cela d’un peu plus près :
Dans la première lecture, nous voyons le peuple élu en route vers la Montagne de Dieu ; Cette route à la rencontre du Seigneur n’est pas facile car un adversaire se dresse : les Amalécites, un peuple qui est présent avant l’arrivée du peuple élu. Le conflit est inévitable.
Le jour de la bataille, Moïse monte sur la montagne qui domine le lieu de la confrontation pour prier. Son attitude est celle de tout priant dans l’antiquité du croissant fertile : les mains levées vers Dieu. Le temps de la prière dure et Moïse fatigue… Aaron trouve alors le moyen de lui permettre de continuer à prier d’une manière respectueuse et de Dieu et de Moïse.
Le sens de ce récit de combat nous est donné par le psaume 120 « le secours me viendra du Seigneur ». Oui, même si je suis invité par Dieu à être acteur de ma propre vie, ou - comme dit André Gide - « à suivre ma pente en la remontant », Dieu seul est le véritable secours et j’ai à me remettre entre ses mains sans tout attendre de lui.
Dieu vient à mon aide si je me prends en main. Il ne se substitue pas à moi. La confiance en Dieu n’est pas attendre qu’il fasse les choses à ma place.
Les Lettres à Timothée font partie, avec la lettre à Tite de ces lettres du Nouveau Testament qui sont dites « pastorales » car elles contiennent des conseils pour le gouvernement des communautés chrétiennes qui commencent à avoir une certaine taille et doivent donc s’organiser différemment de ce qu’elles étaient à l’origine.
Ici, l’accent est mis sur la parole de Dieu qui se continue depuis l’origine. Je ne peux pas être chrétien si je ne reconnais pas que Dieu, depuis l’origine nous parle à travers toute la Bible. Cette parole est toujours actuelle car elle est incarnée dans l’histoire d’hommes et de femmes qui ont vécu dans un lieu précis à une époque précise dans une culture donnée.
Ma prière se nourrit de la parole de Dieu car aujourd’hui elle me rejoint dans ce que je vis.
Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, patronne des missions, est une carmélite qui vivait dans un couvent. Et pourtant par sa prière, elle a contribué à l’élan missionnaire de son temps. Oui, la prière est efficace mais d’une efficacité qui n’est pas celle qui nous vient en premier à l’esprit.
L’efficacité missionnaire de Ste Thérèse de l’Enfant Jésus est celle de la prière.
L‘évangile est étonnant, l’un des deux principaux personnages de ce récit est loin d’être un modèle de vie ajustée à la Parole de Dieu.
La persévérance et l’opiniâtreté de la veuve, qui réclame justice au juge, va le convertir sur ce point, car elle lui casse les pieds.
Jésus nous dit que Dieu qui, lui, prend soin des hommes et des femmes, agit avec Justice et nous donne ce dont nous avons besoin.
Cependant ce qu’il nous donne ne correspond pas forcément à ce que nos désirs intéressés nous font désirer.
La prière incessante est un lieu de purification de ma vie et de ma relation à Dieu.
Et j’en ai besoin.
C’est, nourri de la parole de Dieu, en en vivant et en la mettant en pratique, que je suis missionnaire, même si cela ne se voit pas ostensiblement.
Prière et mission sont inséparables.
Moi aussi, comme baptisé, je suis envoyé témoigner de la parole de Dieu.
NicolasThubert
####################
DIMANCHE 2 OCTOBRE 2022
27ème dimanche ordinaire - Année C
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 17, 5-10En ce temps-là, les Apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! »Le Seigneur répondit : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : ‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’, et il vous aurait obéi. Lequel d’entre vous, quand son serviteur aura labouré ou gardé les bêtes, lui dira à son retour des champs : ‘Viens vite prendre place à table’ ?
Ne lui dira-t-il pas plutôt : ‘Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et boive. Ensuite tu mangeras et boiras à ton tour’ ?
Va-t-il être reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres ?
De même vous aussi, quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites : ‘Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir’ »
HOMELIE
La demande des Apôtres à Jésus, est aussi la notre : « Augmente en nous la Foi ! ». Dans l’Evangile, cette demande intervient après que Jésus aie présenté les exigences du pardon… fort difficile à vivre, au temps de Jésus comme pour nous, pardonner jusqu’à 7 fois et même 77 fois 7 fois, on comprend que les apôtres demandent un renforcement de leur foi !
Nous avons, nous aussi, bien des raisons de demander au Seigneur « d’augmenter en nous la foi » ! Devant les crises de toute sorte dans l’Eglise et dans la société, nous nous posons la question… Est-ce que l’aventure de la foi vaut le coup ? Le nombre des « croyants » autour de nous semblent diminuer comme neige au soleil, les convictions paraissent bien molles face aux défis qui se présentent, la radicalité des questionnements peut bloquer l’émergence de la foi !
Pourtant, Jésus nous dit, à nous aussi « La foi, si vous l’aviez grosse comme une graine de moutarde… vous accompliriez des choses extraordinaires ». Pour être efficace, la foi n’a pas à être voyante, tapageuse, comme la petite graine de moutarde, elle agit dans la discrétion et le résultat est étonnant.
Je suis très frappé en cette rentrée par le nombre de personnes qui n’hésitent pas à prendre le risque de démissionner de leur travail, pour chercher une autre activité, plus en accord avec leurs goûts, leurs aspirations. Je vois là, un signe positif, comme un vaste mouvement de remise en cause rendu possible après la crise du covid. Il faut y croire pour quitter une place assurée et s’engager dans des recherches professionnelles plus hasardeuses, tâtonnantes. Ces choix résultent d’une vraie décision, longtemps réfléchie. Ils sont rendus possibles par la bonne dynamique du marché de l’emploi. C’est un signe d’espérance pour notre société, une ouverture vers d’autres possibles, une sortie d’enfermement «mortifères ». Oui nous demandons au Seigneur, d’augmenter en nous la foi, cette énergie spirituelle qui éclaire notre intelligence, anime notre volonté, suscite notre liberté. La foi est un don, nous avons à la demander, et surtout à l’accueillir. Elle donne un nouveau dynamisme à notre relation aux autres et à Dieu.
Il y a une vraie attente autour de nous, pour que nous soyons des « témoins » de la foi dans nos engagements pour une société plus juste, un vrai respect de la création. Nous terminons ces jours, avec la fête de François d’Assise le 4 octobre, le mois de la création. L’encyclique ‘Laudato Si’ du Pape François continue à nous donner de bons repères pour une nouvelle intelligence de notre rapport à la nature, une dénonciation des hypocrisies et mensonges de notre société.
Au temps de Jésus, le serviteur devait accomplir de multiples tâches avant de penser à lui, cela rappelle les « invisibles » de notre société, ceux qui travaillent dur, sans beaucoup de reconnaissance, aide soignante, aide à la vie scolaire etc… Collectivement, nous sommes aussi exigent que ce maître, il ne tient aucun compte de la fatigue de son serviteur, il demande à être servi en premier au lieu de l’inviter à sa table… Les invisibles de notre société eux aussi ne peuvent penser à eux qu’une fois leur tâche ingrate accomplie. Or Jésus se fera serviteur de l’humanité, en donnant sa vie par amour…IL sera serviteur jusqu’au bout ! Dans un autre passage de l’évangile de Luc, Dieu invite le serviteur fidèle à passer à table et il le sert. La foi nous donne de nous mettre au service des autres, de la création, d’une société plus juste… Cela demande de l’énergie, mais surtout de laisser la force d’amour que nous avons tous dans le cœur de se déployer dans les gestes simples du quotidien. Ainsi, nous aussi nous pouvons dire en ayant fait ce que nous avions à faire dans le service des autres et de l’Evangile… Nous n’avons fait que notre devoir, nous sommes des serviteurs quelconques
AUTRE HOMELIE
Lecture du livre du prophète Habacuc 1, 2-3 ; 2, 2-4Combien de temps, Seigneur, vais-je appeler, sans que tu entendes ? crier vers toi : « Violence ! », sans que tu sauves ?Pourquoi me fais-tu voir le mal et regarder la misère ? Devant moi, pillage et violence ; dispute et discorde se déchaînent. Alors le Seigneur me répondit : Tu vas mettre par écrit une vision, clairement, sur des tablettes, pour qu’on puisse la lire couramment.
Car c’est encore une vision pour le temps fixé ; elle tendra vers son accomplissement, et ne décevra pas. Si elle paraît tarder, attends-la : elle viendra certainement, sans retard. Celui qui est insolent n’a pas l’âme droite, mais le juste vivra par sa fidélité. Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre à Timothée 2 Tm 1, 6-8.13-14Bien-aimé, je te le rappelle, ravive le don gratuit de Dieu ce don qui est en toi depuis que je t’ai imposé les mains.
Car ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de pondération.
N’aie donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur, et n’aie pas honte de moi, qui suis son prisonnier ;
mais, avec la force de Dieu, prends ta part des souffrances liées à l’annonce de l’Évangile.
Tiens-toi au modèle donné par les paroles solides que tu m’as entendu prononcer dans la foi et dans l’amour qui est dans le Christ Jésus.
Garde le dépôt de la foi dans toute sa beauté, avec l’aide de l’Esprit Saint qui habite en nous.
« Combien de temps, Seigneur, vais-je appeler, sans que tu entendes ? Crier vers toi : « Violence ! », sans que tu sauves ? Pourquoi me fais-tu voir le mal et regarder la misère ? Devant moi, pillage et violence ; dispute et discorde se déchaînent. ».
Cette parole du prophète me parait bien d’actualité. Que de violence de part le monde : guerre en Ukraine ; en Erythrée ; en Arménie ; Birmanie et autres pays du Moyen Orient. Mais aussi haine et persécution contre les chrétiens un peu partout dans le monde ; violence contre les femmes en Europe, en Iran, en Afghanistan ; ou contre des ethnies (Ouïghours en Russie) ; misère des réfugiés, des laisser pour compte de notre société ; de certains quartiers de nos villes ; misère matérielle et morale dans des familles. Violence écologique.
Où es-tu donc Seigneur ? Comme le prophète, nous crions vers Toi ; mais Tu parais être sourd et aveugle devant nos malheurs. Pourtant n’est-ce pas nous qui sommes aveugles et sourds ? Ta réponse nous l’avons sous nos yeux, c’est la Croix. Cette Croix qui traduit tout l’amour, la miséricorde, l’espérance que Tu nous donnes. Oui l’espérance.
N’est-ce pas ce que nous dit St Paul : « ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné mais un esprit de force, d’amour, et de pondération ». Pourtant, face à cette violence du monde, notre attitude n’est-elle pas celle des Apôtres dans leur barque lors de la tempête ? Faisons-nous confiance au Seigneur, avons-nous assez de foi ? Nous pourrions répondre oui nous qui venons régulièrement à la messe ; mais avons-nous vraiment assez de foi pour dire, comme st Charles de Foucauld, imitant ainsi le Christ, « mon Père je m’abandonne à toi. Je suis prêt à tout.. Pourvu que ta volonté se fasse en moi ».
Oui Jésus « Augmente en nous la foi ». Cette foi n’est pas uniquement croire que Tu existes. Aide-nous à abattre ces murs, tous ces murs cause de haine, de violence, d’indifférence, d’égoïsme entre nous qui nous empêche de respecter, de nous aimer. Le Seigneur ne nous demande pas l’impossible ; il nous demande d’avoir simplement une foi grande comme un grain de moutarde. Dieu sait que notre amour pour Lui ne peut être, à causes de nos faiblesses, aussi important que le sien pour nous mais il désire que, à l’exemple de Jésus humble et doux de cœur, nous lui fassions confiance. Cette même confiance qu’un tout petit enfant ressent dans les bras de ses parents et qui leur permet de lui donner tout leur amour.
Il en est ainsi pour notre Père du ciel. Pour Dieu nous sommes des serviteurs inutiles, car il n’a pas besoin de nous pour faire quoique ce soit. En revanche, Il a besoin de nous donner son trop plein d’amour. Il souffre donc quand nous ne nous laissons pas aimer par Lui et quand nous ne nous efforçons pas de le faire connaitre afin que d’autres de ses enfants s’abandonnent dans ses bras. N’est ce pas ce que St Paul dit ; « N’aie donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur .. et prends ta part de souffrances liées à l’annonce de l’Evangile».
Souvenons, Frères et sœurs de notre baptême qui nous fait prêtre, prophète et roi. Cela nous oblige d’annoncer la Bonne Nouvelle et de servir nos frères et sœurs. Mais pour pouvoir annoncer la Bonne Nouvelle, nous devons nous en imprégner, écouter ce que Jésus dit à chacun d’entre-nous. « Ignorer les Ecritures, c’est ignorer le Christ » (St Jérome). L’écoute quotidienne de cette Parole avec la prière, et l’aide de l’Esprit Saint nous permettra d’acquérir une foi grosse comme un grain de moutarde. Frères et sœurs, en recevant tout à l’heure, le Corps du Christ, prions Le de nous aider à mieux le connaitre, le comprendre, l’aimer et le suivre. Et que ses Paroles soient pour chacun d’entre nous autant de lumières qui éclairent notre vie. Amen
Yves Paulignan
#######################
DIMANCHE 18 SEPTEMBRE 2022
25ème dimanche ordinaire - Année C
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 16, 1-13En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Un homme riche avait un gérant qui lui fut dénoncé comme dilapidant ses biens. Il le convoqua et lui dit : ‘Qu’est-ce que j’apprends à ton sujet ? Rends-moi les comptes de ta gestion, car tu ne peux plus être mon gérant.’Le gérant se dit en lui-même : ‘Que vais-je faire, puisque mon maître me retire la gestion ? Travailler la terre ? Je n’en ai pas la force. Mendier ? J’aurais honte.
Je sais ce que je vais faire, pour qu’une fois renvoyé de ma gérance, des gens m’accueillent chez eux.’
Il fit alors venir, un par un, ceux qui avaient des dettes envers son maître. Il demanda au premier : ‘Combien dois-tu à mon maître ?’
Il répondit : ‘Cent barils d’huile.’ Le gérant lui dit : ‘Voici ton reçu ; vite, assieds-toi et écris cinquante.’
Puis il demanda à un autre : ‘Et toi, combien dois-tu ?’ Il répondit : ‘Cent sacs de blé.’ Le gérant lui dit : ‘Voici ton reçu, écris 80’. Le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête car il avait agi avec habileté ; en effet, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière.
Eh bien moi, je vous le dis : Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là,
ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est malhonnête dans la moindre chose est malhonnête aussi dans une grande.
Si donc vous n’avez pas été dignes de confiance pour l’argent malhonnête, qui vous confiera le bien véritable ?
Et si, pour ce qui est à autrui, vous n’avez pas été dignes de confiance, ce qui vous revient, qui vous le donnera ?
Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. »
HOMELIE
Nous sommes « saturés » d’informations sordides sur les affaires qui plombent la vie politique à St Etienne et voilà que l’Evangile nous donne pour exemple un intendant véreux !
Je comprends que nous ayons un certain malaise à la lecture de cet Evangile de Luc. N’y a-t-il pas comme un double langage dans les propos de Jésus ?
Or le message central est simple, il est donné dans la conclusion absolument limpide :
« Vous ne pouvez pas servir deux maîtres, vous ne pouvez servir Dieu et l’argent ». Il faut choisir « Qui est notre maitre ? Dieu ou l’argent ? » Pourtant la parabole n’est pas évidente, il faut sans doute admettre une forme de complexité dans notre rapport à l’argent !!! Vous avez entendu : « Faites vous des amis avec de l’argent malhonnête afin que le jour où il ne sera plus là ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles »
La recommandation de Jésus est au fond très semblable à l’action délictueuse de l’intendant de la parabole. Ce qui nous choque, c’est la légèreté avec laquelle cet intendant, sur le point d’être congédié par son maître, accorde des rabais importants aux débiteurs de ce dernier.
Jésus parle à des gens qui vivent dans une société économique très différente de la notre. Nous sommes dans une société où les échanges se font essentiellement en monnaie. A l’époque de Jésus, il n’en était pas ainsi. Un intendant gérait les biens de so