Accueillir la différence - 10 2021

    • Michel Rabier, Diacre, aumônier diocésain des gens du voyage

     

    Quelle est la mission qui t’est confiée et depuis quand ?

    La pastorale des gens du voyage

    Après mon ordination le 23 avril 2006, le P. Bernard Tordi, prêtre de la paroisse à cette époque, m’a proposé de venir l’aider pour la préparation à la confirmation de quelques « gens du voyage » de la paroisse, j’ai accepté. Depuis je ne les ai plus quittés et je les accompagne en tant qu’aumônier des voyageurs, avec l’aide d’une personne, actuellement Catherine Buisson, pour la préparation des cérémonies des baptêmes, communions, confirmations jeunes et adultes, quelques mariages et funérailles. …). Il y a environ 350-400 chrétiens répartis dans les communes de Saint François en Forez.

    Pour eux je suis le « Rachaille », un gadjo ; nous sommes tous des gadji, c'est-à-dire n’appartenant pas à la communauté des gens du voyage.

    Depuis septembre 2020, je suis aumônier diocésain et je participe aux pèlerinages (Ars, Valfleury).

    En quoi consiste ta lettre de mission ?

    C’est une délégation officielle de notre Évêque auprès des gens du voyage du diocèse. Les diacres sont souvent envoyés en périphérie de l’Église. J’aime bien cette définition du diaconat : « mettre les gens qui sont dehors, dedans, et ceux qui sont dedans, dehors… ». Ce n’est pas toujours très simple.

     Qui sont ces gens du voyage ?

    Au début de ma vie professionnelle, avec Colette mon épouse, nous avons vécu en caravane partageant la vie des voyageurs. Nous allions de chantier en chantier en France et à l’étranger et c’est peut-être grâce à cette expérience que j’aime leur vie de nomade et que je me sens à l’aise avec eux.

    Les « voyageurs » sont issus de différentes ethnies venant au Xème siècle de l’Inde et immigrées principalement dans l’est de l’Europe ou de l’Espagne, puis dans nos régions.

    Ils se sédentarisent de plus en plus sur des terrains où ils laissent leur caravane et vivent dans des maisons qu’ils construisent eux-mêmes ou construites par des sociétés ou des communes comme à Saint Marcellin en Forez ou à Sury le Comtal.

    La famille des gitans est très étendue sur le diocèse, c’est une véritable paroisse à part. Il m’est difficile de pouvoir visiter tous les paroissiens et je ne connais pas encore tous les terrains diocésains.

    Un accompagnateur pour les gens du Voyage, pourquoi ?

    Pour favoriser le contact et la relation.

    De même qu’il y a une aumônerie pour chaque communauté portugaise, vietnamienne, polonaise, arménienne, italienne et les communautés africaines, de même il y a une aumônerie diocésaine pour les gens du voyage qui comprend :

    -       une accompagnatrice, Catherine Buisson, qui visite les familles pour préparer les baptêmes ou autres sacrements,

    -       une quinzaine de voyageurs,

    -       un prêtre roumain, lazariste, le Père Cristinel Lucian Andreï, accompagnateur du fait que je ne peux pas célébrer l’Eucharistie, le sacrement de la réconciliation et celui des malades.

    Nous nous réunissons environ tous les mois et demi dans une salle de la maison diocésaine.

    L’importance de la famille.

    Les liens familiaux ont une très grande importance. Ils s’occupent des enfants et des personnes âgées qu’ils gardent auprès d’eux. Lors des célébrations religieuses (principalement : baptême, communion, confirmation, funérailles) ils rassemblent la famille et les amis, qui viennent de toute la France. Par exemple : un baptême peut rassembler 150 personnes, ou l’église de saint Rambert est souvent bien pleine pour des funérailles (je vous invite à visiter le quartier des voyageurs au cimetière de St Rambert). Certains ne savent ni lire ni écrire.

    Les voyageurs ne vont pas à la mairie pour se marier. Ils se marient à la « mode voyageur », par entente mutuelle, de temps en temps nous célébrons un mariage religieux.

    La prison fait aussi partie de leur vie, ils me racontent, mais je ne pose jamais de question.

    Une petite anecdote : après une confirmation sur la paroisse, le Père Lebrun, en visite sur un terrain, s’étonne de ne pas voir beaucoup d’hommes venus partager le café de l’amitié : « Ils sont partis chanter sous la prison pour que tous participent à la fête ».                                                                                                  …/…

    La foi.

    La plupart des voyageurs sont catholiques (80%) et 20% évangéliques, mais qui prennent de plus en plus d’ampleur dans le monde des gitans. Ils ont une façon particulière d’exprimer leur foi. Ils ont une dévotion particulière pour la Vierge Marie, les saints (curé d’Ars) et les saintes (principalement Sara : « La Sainte » comme ils l’appellent, mais aussi sainte Rita et bien d’autres). Dans chaque lieu de vie, un coin est occupé par un petit oratoire où l’on trouve bougie, encens, une statue ou image, chapelet…

    Les pèlerinages jouent une grande importance dans la pratique de leur foi et nous aide à approfondir la nôtre. Il leur est très difficile de prendre part à la vie d’une paroisse, à part quelques-uns bien sédentarisés.

    Leur foi reste simple, vraie et pleine de vie. Ex : Deux familles entières (avec 4 enfants) n’ont pas hésité à quitter Bouthéon, leur lieu habituel de vie, pour aller en mission pour parler de leur foi pendant 3 mois dans les Alpes et vivre leur propre spiritualité.

     

    • Pour le pape, ne pas avoir peur de la liberté et de la différence

    « La tentation de revenir en arrière… une souffrance pour l’Église »

    Le dialogue a eu lieu dimanche 12 septembre, au premier jour du voyage du pape François en Slovaquie, mais son contenu vient tout juste d’être rendu public dans La Civiltà Cattolica. La revue jésuite dévoile en effet, mardi 21 septembre, les échanges, tenus à huis clos, entre le pape François et les jésuites slovaques, et au cours desquels le pape François s’inquiète de la « tentation de revenir en arrière », qu’il identifie comme « la souffrance de l’Église en ce moment ».

    « C’est une idéologie qui colonise les esprits, affirme François. « Il s’agit d’une forme de colonisation idéologique. Ce n’est pas vraiment un problème universel, mais plutôt spécifique aux églises de certains pays. »

    Le pape estime notamment que cette volonté de « revenir en arrière » s’explique par une « peur » de la liberté. « Dans un monde tellement conditionné par les addictions et la virtualité, nous avons peur d’être libres. (…) C’est pourquoi aujourd’hui des gens se tournent vers le passé : pour chercher la sécurité. »

    En développant sa réflexion, François fait explicitement référence à la célébration de la messe en forme « préconciliaire ». Une pratique qu’il a très fortement restreinte en juillet, à travers le « motu proprio ». « Nous avons peur de célébrer devant le peuple de Dieu qui nous regarde en face et nous dit la vérité. »

    « Un phénomène qui indique que nous sommes en train de régresser »

    « Désormais, ceux qui veulent célébrer avec le "vetus ordo" (1) doivent demander la permission à Rome, comme cela se fait pour le "bi-ritualisme" (2), poursuit François.

    Au fil de cet entretien, le pape se montre particulièrement inquiet du fait que des jeunes prêtres puissent « un mois après l’ordination » aller voir leur évêque pour célébrer dans l’ancien rite. « C’est un phénomène qui indique que nous sommes en train de régresser », affirme le pape.

    Il raconte ainsi l’histoire d’un cardinal à qui deux jeunes prêtres avaient demandé de pouvoir célébrer dans le rite préconciliaire. Et que celui-ci répondit alors : « Mais il y a tellement d’Hispaniques dans le diocèse ! Étudiez l’espagnol pour pouvoir prêcher. Ensuite, lorsque vous aurez étudié l’espagnol, revenez me voir et je vous dirai combien de Vietnamiens il y a dans le diocèse, et je vous demanderai d’étudier le vietnamien. Ensuite, quand vous aurez appris le vietnamien, je vous donnerai aussi la permission d’étudier le latin. »

    Et le pape commente : « Il les a fait revenir sur terre. »

    « Cela nous effraie d’accompagner des personnes qui ont une diversité sexuelle »

    Mais cette peur de la liberté se traduit aussi, pour François, dans le domaine familial. « Cela nous effraie de nous lancer dans des expériences pastorales, explique le pape. Je pense au travail qui a été fait (le père Spadaro était présent) au Synode sur la famille pour faire comprendre que les couples en seconde union ne sont pas déjà condamnés à l’enfer. Cela nous effraie d’accompagner des personnes qui ont une diversité sexuelle. » Le pape considère ainsi que « le mal de cette époque » est de « chercher la voie dans la rigidité et le cléricalisme ». « Deux perversions », assène le pape.

    Interrogé par un jésuite sur les « colonisations idéologiques » dont il parle souvent, le pape juge également que « l’idéologie du genre (…) est certainement dangereuse ». Mais qu’elle est toutefois « sans rapport avec la question de l’homosexualité ». « S’il y a un couple homosexuel, nous pouvons effectuer un travail pastoral avec eux, avancer dans la rencontre avec le Christ. »

    (1) l’ancien ordre                                                                                                           Loup Besmond de Senneville
    (2) sous 2 formes de rite                                                                                               La Croix

     

    • « Concernés par l’homosexualité »

    Un groupe de parole existe au niveau diocésain, accompagné entre autres par deux personnes de la paroisse, Delphine et Loïc Hussenot.

    Le groupe « Concernés par l'homosexualité » s'adresse aussi bien à des chrétiens homosexuels, en couple ou célibataires, qu'à des parents ayant besoin d'échanger sur ce sujet et le lien avec l'Eglise : le baptême des petits-enfants, par exemple, l'accueil des couples dans les paroisses... etc...

    Si vous souhaitez des renseignements, n'hésitez pas à contacter la paroisse ou vous rendre sur le site du diocèse où vous trouverez les coordonnées des personnes à qui vous pouvez vous adresser.

     

    • Accueil des couples séparés

    Entretien avec Michel Rabier, Diacre.

    Comment en es-tu venu à t’occuper des couples recomposés ?

    C’est Gérard Crouzet, diacre missionné par le Père Joatton auprès des Séparés, Divorcés et Divorcés-Remariés (SDRR) qui m’a interpellé deux-trois ans après mon ordination.

    J’ai ainsi participé à des rencontres d’équipe SDDR qu’il animait sur le diocèse. Il m’a associé à sa mission et sensibilisé petit à petit à la grande douleur de ces personnes. Après le décès du père Joatton, cette mission a été confiée à la pastorale familiale du diocèse.

                                                                                                                                        …/…

    Qui est concerné ?

    Lorsqu’un couple catholique divorce, les deux conjoints n’ont plus accès aux sacrements s’ils se remarient, ce qui n’est pas le cas pour les protestants, les anglicans et les orthodoxes.

    Rien ne les empêche de continuer à faire partie de la communauté et éventuellement de participer activement à la vie de la paroisse, de prier et pratiquer leur foi : ils ne sont pas excommuniés.

    De même, certaines personnes qui s’aiment souhaitent confier leur amour au Seigneur lors d’une célébration. Dans la pratique cela demande un certain discernement, il faut être vigilant sur le type de demande et sur la réalisation pour ne pas confondre avec le sacrement du mariage, car la démarche n’a rien de sacramentelle.

    Pour moi, il n’y a pas de moitié de chrétien catholique, on est catho ou on ne l’est pas, et chaque catho doit pouvoir pratiquer sa foi avec ses autres frères.

    Les célébrations de l’amour ?

    Dans la paroisse, j’aide les divorcés, qui désirent se remarier, à vivre un temps de prière autour de leur amour. Après 3-4 rencontres, ce sont eux qui préparent avec moi. Il est important d’être accueillant et à l’écoute de leur souffrance morale pour qu’ils ne se sentent pas rejetés de notre Église.

    Cette préparation de la prière est le plus souvent l’expression d’une foi profonde, dire ce à quoi l’on croit… avec leurs propres mots, devant la famille et les amis souvent non croyants, pas facile… et pourtant chacun s’exprime à sa manière. C’est souvent pour le couple l’occasion de se remettre en question par rapport à la foi et celle de l’autre.

    Ils choisissent leurs textes et ils disent pourquoi ils ont retenu ces textes, les chants et la musique. Je propose une bénédiction des mains. Pour éviter toute équivoque, la célébration est prévue bien avant ou bien après le mariage civil.

    Y-a-t-il des équipes ?

    Je ne connais pas d’équipe SDDR constituée sur la paroisse St François. J’avais essayé il y a quelques années, mais je n’ai pas donné suite. Si quelques personnes concernées souhaitent créer une équipe de réflexion et/ou de prières, elles peuvent s’adresser à moi.

    Il y avait une équipe diocésaine qui s’est dissoute et il y a peut-être des équipes dans d’autres paroisses.

    Enfin

                Souvent des liens amicaux se créent entre eux et moi, nous avons plaisir à nous revoir. Parfois les couples reconstitués me disent qu’après leur cérémonie, les liens qui les unissent sont plus solides, que les différents évènements de la vie qu’ils ont traversés les aident à renforcer leur amour. Ils reconstruisent sur le roc…

    Quelques mots importants pour conclure :

    Accueil, écoute, amitié, prière.

     

    • Accueil des plus démunis

    Le dimanche 21 Novembre aura lieu la Journée Nationale du Secours Catholique Caritas France et sa collecte. Nous devons au sein de notre paroisse avoir une attention particulière pour être toujours présents auprès de plus démunis.

    Cette journée reste un appel pour qu’au quotidien de nos vies nous ayons ce souci de nous intéresser aux plus pauvres. Aujourd’hui avec la pandémie, la situation économique est de plus en plus délicate, les ressources des personnes se sont amoindries, les faiblesses psychologiques et l’isolement des personnes s’aggravent.

    La délégation du Secours Catholique de la Loire reste disponible et à votre écoute avec les responsables diocésains à la Solidarité et à la Diaconie. Nous sommes prêts à entendre l’appel et à écouter ce que les pauvres ont à nous dire de l’espérance qui est en eux.

    Le Christ, notre Seigneur et notre frère a manifesté son amour pour les petits et les pauvres, les malades et les pécheurs, il s’est fait le prochain des opprimés et des affligés :

    « Des pauvres vous en aurez toujours avec vous, et, quand vous le voulez, vous pouvez leur faire du bien ; mais moi, vous ne m’aurez pas toujours » Evangile selon Saint Marc 14,7.

    Merci à tous pour votre soutien et votre fraternité.

    Denise CHALAYE Présidente du Secours Catholique de la Loire

     

     

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